Lorsque nous avons décidé de repeindre une vieille étagère en bois brut que nous avions récupérée dans le grenier de nos grands-parents, nous pensions naïvement qu’un léger ponçage suffirait. Mais en en parlant à un ami bricoleur, il nous a immédiatement stoppés : “Vous avez pensé à bien dégraisser le bois avant ? Sinon, la peinture risque de mal accrocher ou de cloquer.” C’est après nos recherches que nous avons vu que l’acétone est recommandée. Pour beaucoup, c’est la meilleure solution en présence de bois gras. C’est ce qu’on vous explique dans cet article.
Pourquoi faut-il dégraisser le bois ?
Une étape indispensable pour coller ou peindre durablement
Le bois est un matériau vivant. Certaines essences, notamment les exotiques ou résineuses, sont naturellement riches en huiles, tanins ou résines. Ces composants peuvent empêcher l’adhérence d’une colle ou d’une peinture si le support n’est pas correctement préparé. D’où l’intérêt de dégraisser avant d’intervenir, pour favoriser une accroche durable.
Quelles essences de bois sont concernées ?
Tous les bois ne réagissent pas de la même façon à l’acétone. Sur certains, comme le pin, le sapin, le cumaru ou l’ébène du Gabon, l’effet du dégraissage peut sembler peu visible : l’acétone ne fait pas apparaître de traces grasses ou d’écoulement particulier. Pourtant, cela ne signifie pas que la surface est parfaitement propre. Ces bois, bien que peu gras naturellement, peuvent avoir été manipulés, stockés ou traités avec des produits invisibles à l’œil nu — d’où l’intérêt de ne pas se fier uniquement à l’apparence.
À l’inverse, certaines essences plus riches en huiles, comme le palissandre d’Indonésie, l’ipé ou l’osage, réagissent immédiatement au ruissellement : le bois “crache” littéralement les graisses, ce qui indique une nécessité absolue de dégraisser avant tout collage ou peinture.
Pour cette raison, même si le bois semble sec ou propre, il est fortement recommandé de toujours procéder à un dégraissage, quelle que soit l’essence. C’est une précaution simple et rapide, mais essentielle pour garantir une accroche durable dans le temps.

Comment utiliser l’acétone pour bien dégraisser ?
La méthode du ruissellement : la plus efficace
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne faut pas appliquer l’acétone avec un chiffon, au risque d’étaler les graisses plutôt que de les éliminer. La technique recommandée consiste à faire ruisseler l’acétone directement sur la surface à traiter. Une pissette (bouteille souple avec un embout fin) permet de bien doser et de limiter les pertes.
Il est conseillé de laisser ruisseler l’acétone 3 à 4 fois, en réutilisant le même produit au départ, puis de terminer avec de l’acétone propre pour éliminer les derniers résidus. Ce procédé permet d’extraire en profondeur les huiles présentes dans les fibres du bois.
Que faire après application ?
L’acétone est un produit très volatil : il sèche rapidement. Dans le cas du collage, agir rapidement après le dégraissage évite que le gras ne remonte à la surface. En revanche, pour une peinture, on recommande souvent d’attendre quelques minutes afin de garantir que le support soit bien sec.
Voici une vidéo en anglais mais compréhensible avec la vidéo et les sous-titres 🙂 :
Alternatives à l’acétone : que valent-elles vraiment ?
L’acétone n’est pas le seul solvant utilisé pour dégraisser le bois, mais c’est celui qui offre le meilleur compromis entre efficacité et accessibilité. Voici les autres produits que l’on retrouve parfois mentionnés :
- Alcool à brûler : utile pour un nettoyage léger, mais pas assez puissant pour les bois gras.
- Essence F ou C : dégraissants efficaces, mais à manipuler avec autant de précaution que l’acétone.
- Essence minérale : souvent confondue avec les essences pour lampe, elle est très utilisée aux États-Unis comme substitut de l’acétone, mais plus lente à sécher.
- Trichloréthylène : bien que mentionné comme solvant efficace, n’est pas disponible en vente libre pour les particuliers en France — son usage est strictement réservé au monde professionnel.
- Lessive Saint-Marc : recommandée par certains, mais attention : un mauvais rinçage peut laisser des résidus incompatibles avec la peinture. À utiliser uniquement sur bois peu gras, et avec rigueur.
À ne surtout pas faire : utiliser du white spirit, poncer pour « nettoyer » (le ponçage seul ne dégraisse pas et peut au contraire faire remonter les tanins), ou encore mélanger plusieurs solvants.
Précautions d’usage : ne pas négliger la sécurité
L’acétone est un solvant puissant, particulièrement volatil et inflammable. Son utilisation demande donc une grande vigilance. Il est impératif de travailler dans un espace bien ventilé et de tenir le produit éloigné de toute source de chaleur ou de flamme. Protégez-vous à l’aide de gants résistants aux solvants et de lunettes de protection. Si l’exposition est prolongée ou en milieu peu aéré, le port d’un masque adapté est également recommandé. Évitez tout contact direct avec la peau, et surtout, ne laissez jamais de chiffon imbibé traîner à l’air libre : il peut s’enflammer spontanément, même à distance d’une source d’allumage.