Quand nous avions emménagé dans notre première maison, nous manquions de budget pour tout refaire. Dans une dépendance, l’installation électrique était encore équipée de vieux fusibles, et on a dû s’en contenter. Mais rapidement, on a remarqué que lorsque des amis venaient et que tout fonctionnait en même temps, le courant n’arrêtait pas de sauter. Et un jour à court de fusibles, on s’est posé la question que beaucoup se posent :
“Et si on mettait un fusible plus puissant pour que ça tienne enfin ?” Heureusement, on a pris le temps de se renseigner… Et on a vite compris que cette idée, en apparence logique, pouvait s’avérer dangereuse, coûteuse et non conforme aux normes. Voici ce qu’il faut vraiment savoir avant de toucher aux fusibles.
Ce qu’il faut comprendre avant de remplacer un fusible
À savoir : les fusibles ne sont pas interdits, mais…
Les anciens tableaux à fusibles sont encore tolérés dans les installations anciennes, tant qu’ils ne présentent pas de danger (section de câble correcte, présence de terre, etc.).
Mais attention : dans le cadre d’une rénovation ou d’une vente, ils ne sont plus considérés comme conformes à la norme NF C 15-100.
Ils peuvent encore fonctionner, mais pour la sécurité, la fiabilité et l’assurance, mieux vaut remplacer par des disjoncteurs modulaires (on en reparlera plus tard dans l’article).
Revenons-en au sujet : quand un fusible saute à répétition, on est tenté de le remplacer par un modèle plus puissant. Mais attention : le calibrage d’un fusible dépend avant tout de la section du câble électrique, et non de la puissance de l’appareil branché.
Pourquoi la section du câble est la base
Chaque conducteur électrique peut supporter une intensité maximale sans risquer de chauffer ou de provoquer un incendie. Cette intensité dépend directement de sa section, c’est-à-dire de son diamètre exprimé en mm². Mettre un fusible trop fort sur un câble trop fin revient à retirer la protection du circuit : il ne coupera plus le courant en cas de surcharge.
Selon la norme NF C 15-100, la section des câbles électriques impose un calibrage maximum du fusible ou du disjoncteur. Par exemple, un câble de 1,5 mm² ne doit pas être protégé par un fusible de plus de 10 A, sous peine de surchauffe. Pour une section de 2,5 mm², on monte à 16 A, tandis qu’un câble de 4 mm² peut supporter jusqu’à 20 A. Enfin, pour du 6 mm², le calibre peut aller jusqu’à 32 A. Au-delà, il faut repenser entièrement le câblage.
Ces valeurs garantissent une protection adaptée au diamètre du fil et donc à sa capacité de dissipation thermique.
Ne jamais augmenter l’ampérage sans vérification
Changer un fusible de 10 A par un 20 A pour “ne plus que ça saute” peut sembler pratique, mais c’est dangereux. Si la section de câble n’est pas prévue pour cette intensité, vous prenez un vrai risque de surchauffe et d’incendie. De plus, vous vous exposez à une non-conformité vis-à-vis des assurances en cas de sinistre.
Les étapes à suivre pour remplacer un fusible
Voici les bonnes pratiques à respecter pour un remplacement en toute sécurité :
- Couper l’alimentation électrique : toujours travailler hors tension.
- Identifier le calibre existant : généralement inscrit sur le fusible (ex. : 10 A, 16 A…).
- Vérifier la section du câble associé : en démontant le boîtier si besoin ou en faisant appel à un professionnel.
- Remplacer par un fusible identique, ou bien passer à un disjoncteur modulaire adapté, qui offre une protection équivalente mais plus moderne et réarmable.
Les risques à éviter absolument
Remplacer un fusible sans respecter les règles de base peut transformer une petite panne en véritable danger domestique.
Un fusible trop fort : un danger invisible
Un fusible a pour rôle de protéger l’installation en se coupant avant que les fils ne chauffent trop. Si vous augmentez son ampérage sans vérifier la section du câble : il ne sautera plus en cas de surcharge et les fils peuvent chauffer en silence, jusqu’à provoquer un incendie.
C’est comme désactiver un airbag parce qu’il se déclenche trop souvent : on supprime la sécurité au lieu de traiter la cause.
Une solution trompeuse, mais risquée
Lorsqu’un fusible saute régulièrement, certains bricoleurs ont le réflexe de le remplacer par un modèle de calibre supérieur, en pensant ainsi éviter les coupures. Mais cette pratique est fortement déconseillée. Pourquoi ? Parce que la surcharge électrique reste présente, et les câbles ne sont souvent pas dimensionnés pour supporter une intensité plus élevée. En plus d’être non conforme à la norme NF C 15-100, cela peut provoquer une surchauffe, un court-circuit… voire un incendie. Et en cas de sinistre, l’assurance habitation pourrait refuser l’indemnisation, en raison d’une modification jugée volontaire et inappropriée de l’installation électrique.
Les pièges fréquents à connaître
Même sans mauvaise intention, il est facile de faire une erreur. Voici les pièges classiques à éviter :
- Un fusible trop gros ne rentre souvent même pas dans le porte-fusible (dimensions différentes).
- S’il rentre, il ne protège plus rien : vous pensez avoir réglé le problème, mais vous créez un risque caché.
- L’étiquette du porte-fusible fait foi, pas celle du fusible que vous avez en main.
- Certains appareils très puissants ne devraient pas être branchés sur un circuit sous-dimensionné : c’est à l’installation de s’adapter, pas l’inverse.
Pourquoi le fusible saute-t-il ?
Quand un fusible grille, ce n’est jamais par hasard. C’est le signe que quelque chose ne va pas sur le circuit, et il ne faut surtout pas l’ignorer. Voici les 4 causes les plus fréquentes :
1. Une surcharge ponctuelle
Vous branchez trop d’appareils en même temps (chauffage d’appoint, micro-ondes, bouilloire…) sur une même ligne. Résultat : l’intensité dépasse ce que le câble peut supporter, le fusible coupe pour éviter une surchauffe.
2. Un court-circuit
Un contact accidentel entre la phase et le neutre, ou un fil abîmé, provoque une montée brutale du courant. Le fusible fond instantanément pour protéger le reste de l’installation.
3. Un appareil défectueux
Un grille-pain en fin de vie ou un lave-linge mal isolé peut provoquer une fuite de courant ou un court-circuit à lui seul. Là aussi, le fusible saute pour éviter le pire.
4. Un mauvais calibrage
Si le fusible installé n’est pas adapté (par exemple trop faible pour la section du câble ou la puissance du circuit), il peut sauter sans raison apparente. Il est alors trop sensible… ou inefficace.
Ce que cela révèle sur votre installation
Un fusible qui saute régulièrement n’est pas une panne en soi, mais un signal d’alerte à ne pas négliger. Cela peut indiquer :
- un circuit surchargé ou une mauvaise répartition des appareils,
- une installation vétuste ou non conforme aux normes actuelles,
- un câblage hasardeux ou des bidouilles anciennes,
- un besoin de tirer une ligne dédiée ou de moderniser le tableau électrique.
👉 Avant de remplacer ou de “monter en calibre”, il est crucial de comprendre pourquoi cela saute. C’est le seul moyen d’avoir une installation fiable, durable… et sûre.
Que faire si le fusible saute régulièrement ?
Un fusible qui grille de temps en temps, c’est possible. Mais s’il saute souvent, ce n’est plus un simple incident : c’est un signal d’alerte.
Voici les bons réflexes à adopter :
- Répartir les charges : évitez de brancher plusieurs appareils gourmands (chauffage, four, lave-linge…) sur un même circuit.
- Identifier un appareil fautif : testez en débranchant les équipements un par un pour repérer celui qui provoque la coupure.
- Faire appel à un électricien : si le problème persiste ou si votre tableau est ancien, mieux vaut faire vérifier l’installation par un professionnel.
Quelles sont les vraies solutions durables ?
Quand les fusibles sautent souvent ou que vous envisagez de “forcer un peu” avec un calibre plus fort, c’est souvent le signe que l’installation doit évoluer. Plusieurs options existent, plus ou moins engageantes.
Remplacer les porte-fusibles par des disjoncteurs modulaires
C’est la solution la plus recommandée aujourd’hui :
- protection plus efficace : meilleure détection des défauts.
- réarmement simple : pas besoin de racheter des fusibles à chaque fois.
- conformité avec la norme NF C 15-100.
- possible remplacement progressif, en adaptant le neutre si l’installation est en unipolaire (très courant sur les anciennes installations).
📝 À savoir : un disjoncteur bipolaire coupe phase + neutre, unipolaire ne coupe que la phase. La norme actuelle recommande les bipolaires pour la sécurité.
Revoir l’installation : redistribuer les circuits
Si un circuit est trop sollicité (ex : radiateurs + lave-linge + micro-ondes sur la même ligne), le problème ne vient pas du fusible mais de la surcharge du circuit. La solution est de redistribuer les charges sur plusieurs lignes existantes (quand c’est possible). Seulement cela nécessite une intervention légère dans le tableau.
Tirer une ligne dédiée ou renforcer le câblage
C’est parfois la seule solution vraiment propre à long terme pour les gros consommateurs d’électricité (four, plaques, machine à laver). C’est également le cas si la section de câble actuelle est insuffisante (ex : 1,5 mm² au lieu de 2,5 mm²) ou si l’installation est très ancienne et non conforme. Cette solution permet d’adapter le calibre du fusible ou du disjoncteur au câble, et non l’inverse. C’est la bonne logique.
